Depuis longtemps, nous entendons dire que le sport est bénéfique pour la forme et la santé physique, mais ses vertus vont bien au delà de ce que vous imaginiez. Des recherches ont prouvé qu’une activité sportive régulière permet de lutter contre la maladie– pathologies cardiovasculaires, obésité, diabète, cancer – et augmente la durée de vie. L'exercice physique constituerait également un traitement sérieux des maladies mentales, et son efficacité serait comparable à celle d'un anti-dépresseur, sans les effets secondaires de ce dernier, tout du moins pour les cas de dépression modérée.
Le psychologue clinicien James Blumenthal, de l’université Duke, en Caroline du Nord, le confirme : « Je crois profondément aux vertus de l’activité physique. Une majorité d’études rapporte que les bénéfices liés à l’exercice seraient aussi importants, voire plus élevés, que ceux des médicaments pour certains patients. »
Idem pour le psychiatre Madhukar Trivedi, du centre médical Southwestern de l’université du Texas, qui étudie la relation entre le sport et les maladies mentales depuis plus de quinze ans, le confirme : « La bibliographie scientifique qui présente l’exercice comme un facteur de lutte contre les maladies mentales est longue et riche. Nous avons déjà évalué les doses d’activité nécessaires, les avons intégrées dans les traitements de substitution et avons analysé les marqueurs biologiques associés à la guérison. »
La dépression: petit aperçu chiffré
Les troubles dépressifs occasionnent de 35 à 45% des arrêts de travail et environ 8,2% des actifs ont connu dans leur vie un épisode dépressif.
Selon les dernières études de santé publique en France, près d’un adulte sur dix a vécu un épisode dépressif. Les personnes les plus vulnérables sont les femmes, les étudiants, les personnes au chômage ou à faible revenu, les moins de 45 ans.
La dépression a un fort retentissement sur la vie de tous les jours; elle se caractérise par une humeur triste et des sautes d'humeur quotidiennes, ainsi qu'une perte d’intérêt pour la plupart des activités. En proie à une fatigue généralisée le patient souffre d’insomnie, de troubles de la mémoire plus ou moins légers, d’un manque de concentration et d’une faible estime de soi . Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 350 millions d’individus seraient concernés dans le monde.
Le traitement proposé classiquement consiste en une prise médicamenteuse régulière accompagnée d'une psychothérapie, mais encore faut il consulter. Beaucoup de personnes ont encore du mal à admettre qu'elles ont besoin d'aide, refusent la prise d'anxiolytiques ou s'en contentent sans pousser la porte d'un spécialiste dont l'accompagnement est indissociable pour éviter la rechute. Les antidépresseurs ont beaucoup évolué et présentent aujourd'hui moins d'effets secondaires qu'à leurs débuts. Ils sont indispensables en cas de dépression sévère. Cependant il est vrai qu'ils peuvent encore générer des troubles gênants tels qu'une prise de poids, la baisse de la libido, des insomnies ou autres désagréments en fonction du patient, pouvant amener ce dernier à une interruption brutale du traitement sans consultation au préalable; cet acte n'est pas sans conséquences: il peut déboucher sur un sevrage difficile avec des symptômes dépressifs parfois plus graves que ceux initialement observés et le risque de crises d'angoisse aigues, voire de suicide.
La crainte de devenir dépendants aux médicaments, l'image que le traitement renvoie de négatif à des patients dont l'image de soi est déjà fragilisée ou encore la contrainte d'un suivi psychothérapeutique plus ou moins long, expliquent qu'un certain nombre de patients préfèrent se tourner vers des méthodes plus naturelles : yoga, sophrologie, phytothérapie, hypnose, acupuncture, méditation… sport. Ces méthodes sont une excellente alternative dans le cas de troubles dépressifs légers, mais pas pour les cas plus graves.
Concrètement, quel sport? quelle fréquence?
L’exercice physique couplé à une prise en charge classique ( anti-dépresseurs et psychothérapie ) augmenterait les résultats positifs sur les patients. Une méta-analyse publiée en 2016, qui a été menée par une équipe internationale de chercheurs ayant épluché toutes les études sérieuses faites jusqu'ici sur le sujet, a révélé que le sport, modéré à vigoureux, réalisé sous le contrôle d’un professionnel, représentait en effet un traitement efficace contre la dépression. Pour le traitement des symptômes dépressifs, les taux de guérison seraient 67 à 74 % plus élevés en présence d’exercice physique.
Tous les sports peuvent aider à se prémunir de la dépression. D'après les chercheurs, 3 à 5 séances d’endurance chaque semaine, de 45 à 60 minutes à une intensité de 50 à 85 % de sa fréquence cardiaque maximale serait la bonne formule. L’idéal serait de brûler environ 16 kilocalories par kilogramme (1 200 à 1 500 kilocalories par semaine pour une personne de poids moyen).
Les sports d'intensité moyenne à élevée seraient encore plus efficaces: Jogging, ski de fond et aérobie, il n'y a que l'embarras du choix.
Pas toujours facile de s'y mettre…
Il est difficile de se motiver quand on a peu de temps ou que l'on n'affectionne pas l'effort physique. Je vous conseille certaines applications en ligne ludiques qui vous obligent à respecter un certain rythme et vous y encouragent, l'inscription à un club pour profiter de l'émulation de groupe, trouver un ou une partenaire pour vous encourager mutuellement, vous réserver un moment privilégié de détente ou de plaisir juste après le sport pour renforcer la motivation les fois suivantes (bain chaud, sieste, lecture, film, bon repas).
Dix minutes d’effort sont toujours mieux que rien. Fixez-vous des objectifs raisonnables et dépassez les progressivement. Si vous êtes carrément allergique au sport, donnez vous la peine de choisir les escaliers plutôt que l’ascenseur, garez vous sur un parking même un peu éloigné plutôt que devant la porte d'entrée de votre boulanger, allez balader votre chien plus souvent, faites vos courts trajets à pied ou à vélo, allez danser, jardinez plus souvent… et mettez y de la motivation, le plaisir doit être de la partie.
Comment le cerveau réagit au sport:
Quel rapport entre exercice physique et ce qui se passe dans la tête? pourquoi marcher redonne t-il le sourire et suer sur le bitume rend il plus fort mentalement?
La réponse nous est donnée par la science: l’exercice physique modifie le cerveau.
Dés le début de votre séance de fitness ou de running la chimie opère:
Le rythme cardiaque s'accélère, encourageant le corps à distribuer d'avantage de sang et d'oxygène à vos cellules; les hormones sont stimulées, la production de neurotransmetteurs s'intensifie, notamment les endorphines dont la structure ressemble à celle de la morphine. Leur pouvoir anti-douleur transforme l'effort en source de plaisir et facilite la poursuite de l'activité, vous ressentez de l'euphorie ou de l'apaisement. Les sports de cardio sont ceux qui en produisent le plus. La dopamine, hormone du plaisir et de la vigilance, réduit la sensation de fatigue et de vulnérabilité, elle vous rend plus productif et confiant. Cette dernière est responsable de l'accoutumance au sport du fait du bien-être qu'elle procure à l'organisme. L'adrénaline et la noradrénaline habituellement liées au stress sont recyclées au service de votre motivation, vous poussent à aller plus loin, et jouent sur le destockage des cellules adipeuses.
L'entrainement physique aide la substance blanche du cerveau à se développer (celle ci est constituée d’axones, câbles de connexion des neurones du cerveau.) le sport augmente également la formation de nouvelles synapses dans l'hippocampe. Comme l’irrigation du cerveau est améliorée de nouvelles artères et veinules apparaissent dans le cerveau. La pratique régulière augmente même le volume de plusieurs aires cérébrales, dont le cortex préfrontal. Chez les personnes âgées, cette zone subit un amincissement que le sport parviendrait à inverser. Des expériences sur les animaux montrent clairement que le sport intervient sur la croissance et la formation de nouvelles cellules nerveuses dans l’hippocampe, important centre des souvenirs, ce qui a pour conséquence d'améliorer la mémoire.
Pour résumer,
Le sport aide à enrayer la dépression et aide à éviter qu'elle ne s'aggrave. D'autre part, le fait de faire de l'exercice rendrait les antidépresseurs pharmaceutiques plus efficaces. Toutefois une personne souffrant de dépression sérieuse ne peut pas se contenter des effets du sport, il y a de fortes chances qu'à fortiori elle n'ait pas spécialement l'envie et l'énergie de pratiquer une activité physique régulière. Mais elle a tout à gagner à accompagner progressivement son traitement et son suivi d'un exercice sportif. Concernant ceux qui ne sont pas fans de sport, même une activité physique très modérée comme la marche aura des effets positifs et spontanés sur leur humeur. Il est prouvé qu'à contrario la sédentarité peut provoquer des troubles dépressifs. Si vous passez beaucoup de temps sur les écrans, il est recommandé de compenser avec du sport, quelque soit votre sexe, votre âge ou votre milieu social.
Quelques pistes pour s'y mettre:
- Choisissez un sport qui vous plait, en suivant le rythme et la fréquence qui vous conviennent le mieux. Faites de cette activité une pause détente non contraignante pour persévérer sur la durée. Evoluez trés progressivement avec des objectifs raisonnables.
- Les activités de cardio et de renforcement musculaire (running, musculation, natation, vélo...) sont les plus efficaces.
- Le matin, le sport permettrait au corps de se purifier et de destocker plus facilement. L'organisme est au top à ce moment de la journée. Prenez un déjeuner léger si vous choisissez ce moment pour faire de l'exercice.
-Le soir évitez des horaires trop tardifs pour ne pas trop stimuler l'organisme. La température corporelle s'élevant vous risqueriez de passer une nuit agitée.
A vos marques…
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